L’avènement récente de l’intelligence artificielle et de l’automatisation qu’elle engendre suscite beaucoup de questions sur l’avenir de nos emplois. Un robot va-t-il me remplacer demain ?

Mon métier va-t-il disparaître ? Quels sont les emplois de demain ? Nombreuses sont les questions que se posent les travailleurs, les étudiants ou les entreprises. Si les grandes compagnies technologiques promeuvent l’idée que l’intelligence artificielle (IA) aura un impact bénéfique sur le travail, beaucoup d’employés craignent de voir leurs emplois menacés, notamment par la robotisation, et s’en méfient grandement. Et comme il est tout à fait légitime de se poser ces questions, découvrons ensemble de quoi il en résulte et déconstruisons ensemble les nombreux préjugés sur l’AI.

L’intelligence artificielle, qu’est-ce que c’est ?

 

Les principaux assistants vocaux

Les principaux assistants vocaux: Amazon Alexa (gauche) et Google Assistant (à droite) | © PC Mag, 2018

L’intelligence artificielle ou IA désigne les techniques permettant à des machines, et plus particulièrement à des systèmes informatiques, de simuler les processus cognitifs humains. Ces processus comprennent l’apprentissage (l’acquisition d’informations et de règles liées à leur utilisation), le raisonnement (l’application de règles pour parvenir à des conclusions approximatives ou précises) et l’autocorrection. Les principales applications actuelles de l’IA résident dans la reconnaissance vocale (les Google Assistants, Amazon Alexa ou Siri d’Apple) et la vision artificielle (les logiciels de conduite autonome…)

L’IA est-elle une technologie « dangereuse » ?

Nous ne sommes pas les premiers à nous intéresser aux conséquences des nouvelles technologies. Déjà au 18ème siècle, le philosophe allemand Arthur Schopenhauer théorisait qu’une innovation de rupture passe toujours par trois stades : ridicule, dangereuse puis évidente. La terre est ronde : ridicule, dangereux puis évident… La voiture était ridicule, dangereuse puis évidente ! Et on peut répéter le même schéma pour l’aviation, pour internet et aujourd’hui pour l’intelligence artificielle. L’IA était ridicule, elle apparaît aujourd’hui dangereuse et demain elle sera évidente !

L’IA conduira-t-elle à une suppression massive d’emplois ?

L’IA n’est pas la première révolution technologique auquel nous devons faire face. Nous avons successivement traversé de multiples révolutions technologiques : il y a eu la machine à vapeur, l’électricité, l’informatique ou encore plus récemment internet. Au travers ces technologies bien différentes, on peut y voir une constante : historiquement, l’avènement d’une technologie de rupture provoque la disparition de certains emplois dans un premier temps puis en fait émerger de nouveaux par la suite.
L’économiste anglais John Maynard Keynes prévoyait que d’ici la fin du 20ème siècle, la technologie aurait détruit les emplois aliénants et pénibles. C’est exactement ce qu’il s’est passé et cette évolution prendra une toute autre dimension avec l’IA.

les emplois les plus exposés aux transformations digitales

Les emplois les plus exposés aux transformation digitales | © INFFO FORMATION, 2019

La transformation numérique bouleverse dès aujourd’hui le monde du travail: elle exige de fortes capacités d’adaptation et d’agilité, de la part non seulement des entreprises, mais aussi de l’ensemble de leurs collaborateurs. Si la révolution de la robotique est déjà en cours, ses impacts sur l’emploi en termes de compétitivité et de productivité sont difficilement quantifiables et font l’objet de nombreux débats. De nombreuses études ont été menées pour quantifier et évaluer la nature de ces nouveaux emplois. La plupart des études corroborent que beaucoup de métiers sont voués à disparaître. Cependant, un grand nombre de nouveaux métiers spécifiques à l’IA commencent à émerger.

Quels seront les métiers de demain ?

Le futur est par définition incertain. Pourtant, nous sommes sûrs d’une chose : l’intelligence artificielle va modifier en profondeur le monde du travail, comme une lame de fond qui emporte tout sur son passage. Les statistiques sont édifiantes : 60% des métiers qui seront exercés en 2030 n’existent pas encore ! Nous savons aussi que la digitalisation et la robotisation modifient les besoins en compétences et en main d’œuvre dans l’ensemble des secteurs d’activité. S’il existe une alternative technologique à un emploi humain, celle-ci sera systématiquement choisie, dans une optique de gain de productivité. Nombre d’emplois seront aussi créés autour de compétences nécessaires dans le développement, la gestion et la maintenance des intelligences artificielles, pour prévenir les risques liés à l’utilisation des données personnelles, ou encore améliorer la communication entre les humains et les machines.

Tableau des métiers qui risquent de disparaître ou d'être créés

Les métiers les plus susceptibles de disparaître et les moins menacés par la robotisation | © Adecco, 2016

La vague digitale qui engloutira de nombreux emplois risque d’être socialement néfaste si elle n’est pas suffisamment anticipée. Ne pas prévoir dès aujourd’hui les métiers qui vont disparaître demain, c’est mettre en danger l’avenir des travailleurs et des entreprises. Cette transformation est d’ores et déjà en marche. L’organisation de coopération et de développement économique (OCDE) s’est penchée sur le sujet. Selon ses estimations, environ un travailleur sur deux sera prochainement confronté à la nécessité de s’adapter au nouveau milieu de travail. C’est un immense défi qui attend les travailleurs et les entreprises !

La clé pour s’adapter au monde de demain : se former dès aujourd’hui !

Les travailleurs détiennent une grande partie des clés de la réussite de ce défi : c’est leur capacité à s’adapter et à mobiliser leurs compétences pour répondre à des situations inédites qui seront déterminantes ! L’entreprise commence dès aujourd’hui à se bâtir comme un lieu d’apprentissage pour ses employés, une entreprise « apprenante ». Ces nouvelles approches de la formation constituent de véritables atouts pour attirer et recruter de nouveaux talents.

Pour aller plus loin : Comment soigner sa « marque employeur » pour attirer de nouveaux talents ?

L’entreprise d’aujourd’hui et celle de demain deviennent moteur de cette formation puisqu’elles initient leurs collaborateurs à leurs nouveaux besoins, les équipent et les accompagnent pour leur permettre de s’adapter à l’impact des évolutions technologiques, digitales, écologiques et organisationnelles sur leurs activités professionnelles.
Les salariés impactés par l’automatisation pourront exercer de nouvelles fonctions à condition de bénéficier de formations adéquates. La rapidité d’évolution de ces technologies pourrait rendre les cursus de formation traditionnels inadaptés et requérir davantage de modularité, et de réactivité. Les entreprises doivent se préparer à accompagner leurs salariés, à évaluer et améliorer leur capacité à apprendre, et à les faire monter en compétences pour qu’ils puissent assurer ces nouvelles fonctions. La formation et l’évaluation de leur capacité à s’adapter représenteront des enjeux majeurs pour la réussite de cette transition.
Le transfert de connaissances et la formation entre collaborateurs sont plus que jamais essentiels et vecteurs d’intelligence collective. Un véritable échange entre collaborateurs s’instaure, porteur de valeurs comme la confiance, la reconnaissance, qui sont des éléments essentiels pour créer une vraie dynamique collaborative et permettre à chacun de développer ses connaissances.

Ne parlez plus de métier mais de compétences !

Illustrations compétences

© CursusPro, 2017

La notion de métier doit laisser place à la notion de compétences. Une compétence est un acquis regroupant un ensemble de savoir-faire, de maîtrises ou d’expériences différentes. Toute compétence est utile parce qu’elle se module et s’adapte à nos besoins actuels. On ne peut plus apprendre un seul métier quand on sait qu’en moyenne nous effectuerons cinq métiers différents en trente ans et que la plupart des métiers actuels n’existeront d’ici 2030. Évidemment, à court terme, maîtriser un métier est utile et sécurisant puisque les recruteurs actuels continuent à valoriser la maîtrise plutôt que l’expérience. Pourtant, dans un contexte d’innovation nécessaire pour se démarquer et s’adapter plus facilement aux prochaines transformations, le généralisme et la pluralité des compétences deviennent des armes pour se défendre et remporter cette bataille. Parce qu’aujourd’hui plus que jamais, c’est la capacité à être pluriels qui nous rend singuliers !

Quels sont les risques de la digitalisation ?

Les outils digitaux ont vocation à simplifier les tâches les plus répétitives et aliénantes de nos emplois pour que chacun puisse se concentrer sur les volets les plus créatifs et humains de leur métier. Le bien-être des collaborateurs au sein des entreprises dotées d’outils numériques est bien plus élevé que celui des entreprises traditionnelles. Pourtant l’usage d’outils digitaux peut comporter certains risques, parmi lesquels leur intrusion dans la vie privée des collaborateurs ou encore une incapacité croissante des individus à déconnecter des médias sociaux professionnels ou d’outils de productivité (courriels, Microsoft Teams…). En réponse, de nouveaux métiers ou des formations apparaissent, liés à la désintoxication digitale. Le changement généré par l’utilisation d’outils digitaux et d’applications peut également générer du stress chez des collaborateurs qui se sentent dépassés et incapables de faire preuve de la réactivité nécessaire pour « suivre le rythme ». Un accompagnement efficace des collaborateurs et la mise en place de règles d’usages des outils peuvent être des solutions pour préserver les bénéfices du digital sans en subir les principales nuisances.

Les robots vont-ils vraiment remplacer les humains ?

Humain et robot se serrent la main

© The Medical Futurist, 2017

L’automatisation est aujourd’hui largement développée dans l’industrie, où elle a d’ores et déjà remplacé l’homme pour des tâches sans réelle valeur ajoutée, les plus répétitives et aliénantes et l’IA poursuit son déploiement dans d’autres secteurs d’activité comme la logistique, le transport, la santé… Les récentes avancées de l’intelligence artificielle alimentent les craintes sur les menaces qu’elle pourrait faire peser sur l’emploi. Si les métiers les moins qualifiés étaient jusqu’ici les plus concernés, la situation évolue. Médecins, avocats, ou encore journalistes seraient susceptibles d’être remplacés par des algorithmes. Mais il s’agit encore de science-fiction (et heureusement ! 😉). Sans oublier que ces intelligences artificielles sont conçues et construites par l’homme !

La révolution digitale de l’IA est créatrice de nouveaux emplois !

L’accès aux données, associé au développement des outils digitaux, bouleverse profondément le traitement de l’information. L’analyse de la data sous toutes ses formes (chiffres, images, sons, textes) réinvente la gestion de la relation client, améliore l’offre de services, permet la mise sur le marché de produits plus adaptés ou ciblés vers les consommateurs. Les données sont aussi un moyen de mieux connaître son entreprise et d’améliorer son organisation. De nouveaux métiers accompagnent le développement et le traitement de ces données, nouvel or noir de notre économie digitale !

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